Kim Zupan – Les arpenteurs

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Place aujourd’hui à un roman des éditions Gallmeister qui nous a été conseillé par une libraire passionnée : Les arpenteurs de Kim Zupan. A travers une plongée dans un décor de nature sauvage, cette histoire nous emmène découvrir les plus sombres recoins de l’âme humaine.

Difficile de croire qu’il s’agit ici d’un premier roman ! Oui, Kim Zupan l’a écrit à l’âge de 61 après avoir travaillé comme charpentier et je pense qu’on peut parler d’une reconversion absolument réussie. L’auteur a placé son histoire dans sa région d’origine : le Montana. La nature représente à mon sens un des personnages principaux du livre. Sauvage, imprévisible, jouant des tours à l’homme. C’est dans cette description du décor qu’excelle l’auteur, qu’il s’agisse de la nature ou de l’intérieur d’une prison. Quelques traits de pinceau suffisent – l’odeur, un jeu de lumière, le cri d’un oiseau… – et l’on y est. Néanmoins, je conseillerais vivement de lire ce livre d’une traite pour savourer complètement l’ambiance  (optez pour une journée de brouillard !)

Les hommes sciaient et tranchaient, buvant à une bouteille qu’ils plaçaient parmi les quartiers de viande sur une table fabriquée à l’aide de bûches et d’un rectangle contreplaqué inégal. Il y avait deux couchettes puantes dans la cabane, repoussées contre les murs extérieurs afin de dégager la place nécessaire pour leur tâche sanglante, et dans un coin sombre, une caisse remplie de haillon où était étendue une chienne bâtarde qui les observait entre ses paupières tombantes. De temps à autre, elle s’aventurait sous la table pour lécher la flaque noire épaisse jusqu’à ce qu’un des hommes la chasse d’un coup de pied. Elle paraissait avoir du sang coyote en elle, ses babines retroussées en une grimace perpétuelle qui dévoilait des crocs abîmés couleur argile.

Le livre est basé sur la relation unique qui se crée entre deux hommes : Val Millimaki et John Gload. Le premier, un jeune policier solitaire, pas très loquace, passe son temps à chercher, à l’aide de son chien, les personnes portées disparues dans la nature. Les nuits au contraire sont consacrées à la garde des prisonniers, chose qui va de plus en plus peser sur son mariage. John Gload, un vieux assassin en attente de procès, n’a à priori rien en commun avec Val, si ce n’est l’insomnie. Au cours des nuits, sous les lumières des néons, les deux hommes vont petit à petit se mettre à parler et de leurs discussions se dévoilera doucement devant les yeux du lecteur tout le passé effrayant de John Gload.

Gload s’était levé et approché des barreaux, ses mains pendant au-dessus de la croix horizontale de la porte, la cigarette se consumant au niveau de son articulation tachée. Son long front équin était appuyé aux barreaux. Au cours de leurs discussions, il était rarement sorti de l’ombre, et Millimaki s’était depuis longtemps accoutumé à parler à une voix dans le noir, à entendre une voix émergeant du noir, et pour cette raison, leur relation avait pris l’allure de celle d’un prêtre et de son ouaille en confession, les rôles indéfinis et changeants d’une minute à l’autre.

Vous l’aurez compris, un huit-clos noir dont je ne veux pas dévoiler beaucoup, idéal pour cette saison !

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Les arpenteurs de Kim Zupan, traduit par Laura Derajinski. Gallmeister, 2016, 300 pages.

7 réflexions sur “Kim Zupan – Les arpenteurs

  1. luocine 27 octobre 2016 / 18:38

    ok mais moi j’ai besoin de lumière et de vie en ce moment, comme en donne le soleil de ta photo

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    • Eva 31 octobre 2016 / 15:29

      En lisant ton commentaire, je me rends compte que dernièrement, on choisit des lectures plutôt sinistres ! Et quand je regarde les livres en attente d’être chroniqués, ça ne devrait pas s’améliorer tout de suite ! 🙂 On est gâté avec le soleil des derniers jours, mais le choix de livres va certainement changer avec les premiers brouillards !

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  2. mjo 28 octobre 2016 / 19:00

    C’est un livre pour moi ! Et je suis allée le chercher cet après-midi à la bibliothèque. A suivre…

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    • Eva 31 octobre 2016 / 15:30

      J’espère que le livre te plaira, j’attends ta chronique avec impatience ! Bonne lecture.

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